Dans le cadre du Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel – Phase 2 (PRAPS-2), le Tchad renforce ses infrastructures pastorales avec la construction de douze nouveaux marchés à bétail, venant s’ajouter aux douze déjà réalisés dans le cadre du PRAPS-1. Ces initiatives s’inscrivent dans une dynamique de structuration et de modernisation des circuits de commercialisation du cheptel dans les zones d’intervention du projet.
Une mission d’information et de sensibilisation conduite par le PRAPS-2 Tchad s’est récemment rendue au marché à bétail d’Oya, dans la province du Guéra. Cette intervention visait à échanger avec les différents acteurs autour de thématiques cruciales telles que la vaccination du cheptel ou encore les tracasseries administratives et logistiques rencontrées dans ces lieux de commerce.

Au cœur de ce marché, les femmes s’illustrent par leur résilience et leur rôle actif dans les activités génératrices de revenus. C’est le cas de FATIME ANIGUE, vendeuse de foin en cette période de soudure marquée par une rareté du pâturage. « J’ai ramassé l’herbe au début de la saison sèche et je l’ai soigneusement conservée. Aujourd’hui, je viens la vendre ici au marché pour nourrir ma famille et assurer la scolarité de mes enfants. Je vends le tas à 500 francs CFA », explique-t-elle avec fierté.

De son côté, ALHADJ MAHAMAT ADOUDOU, venu du village de Chawir, à 45 kilomètres de Mongo, est l’un des nombreux acheteurs de foin. « Je suis contraint d’en acheter pour nourrir mon bétail, faute de pâturages suffisants. Cela me permet de les maintenir en bon état et de les revendre à un bon prix », confie-t-il.

Au-delà des échanges commerciaux, des figures clés assurent le bon fonctionnement et la sécurité du marché : les garants. Désignés par leur communauté, ils veillent à la sûreté des vendeurs et à la régularité des transactions. MAHAMAT HASSAN ALKHALI, garant au marché de Mongo, témoigne : « Nos parents viennent vendre leur cheptel, parfois dix ou vingt têtes. Ils nous confient leur argent à la fin de la journée et le récupèrent à leur retour. Certains refusent de déposer leurs fonds en banque et repartent avec plusieurs millions de francs CFA sur eux. »
Outre leur rôle sécuritaire, les garants ont également pour mission de certifier la provenance du bétail. « J’ai dû me rendre jusqu’au Nigeria pour attester que le bétail appartenait bien à un vendeur tchadien faussement accusé », raconte Mahamat.
Malgré l’importance de leur rôle, la rémunération des garants demeure modique. « Nous percevons 200 francs CFA par tête de bétail vendue, conformément à la loi de finances en vigueur. Auparavant, notre rémunération était de 2 500 francs CFA par tête », regrette Mahamat Hassan.
À travers ces témoignages, se dessine un panorama vivant des marchés à bétail, véritables carrefours économiques et sociaux dans les zones rurales tchadiennes. Le renforcement de ces structures par le PRAPS-2 Tchad apparaît ainsi comme un levier stratégique pour la vitalité du secteur pastoral, au service des communautés.